Pourquoi cette confusion persiste
Depuis l'enfance, on nous apprend que citron = aigre = acide. Cette simplification crée une fausse équivalence. En réalité :
- L'aigreur est une sensation perçue par vos papilles (récepteurs TAS2R)
- L'acidité est une propriété chimique mesurée par le pH
Un exemple frappant : le chlorure de magnésium (utilisé dans certains fromages) a un goût aigre prononcé... mais son pH est neutre (7). À l'inverse, l'acide phosphorique dans les sodas (pH 2,5) semble moins aigre que le citron grâce aux édulcorants.
| Substance | Goût perçu | pH réel | Acide chimique ? |
|---|---|---|---|
| Jus de citron | Très aigre | 2,3 | Oui (acide citrique) |
| Vinaigre blanc | Aigre | 2,5 | Oui (acide acétique) |
| Chlorure de magnésium | Aigre | 7,0 | Non |
| Eau gazeuse | Légèrement piquant | 4,0 | Oui (acide carbonique) |
Quand cette distinction sauve votre recette
En cuisine, confondre goût aigre et acidité réelle peut compromettre :
⋙ Conservation des aliments
Pour les conserves maison, un pH < 4,6 est obligatoire pour éviter le botulisme. Un goût aigre n'assure pas cette sécurité : un ketchup mal dosé peut sembler acide mais présenter un pH dangereux (5,0).
À éviter : se fier au goût pour stériliser des conserves
⋙ Pâtisserie
La levure chimique (poudre à lever) nécessite un pH < 4,5 pour réagir. Un yaourt goûtant aigre (pH 4,8) ne fera pas lever votre gâteau, contrairement à du jus de citron (pH 2,3).
À privilégier : utiliser des indicateurs pH pour les recettes sensibles
Erreurs courantes à éviter
- "Mon vinaigre de cidre est moins acide que le blanc" → Faux : leur pH est identique (2,5-3,0), seule la perception gustative diffère
- "Les fruits rouges sont moins acides que les agrumes" → Trompeur : la fraise a un pH de 3,5 (plus acide que la banane) mais son acidité est masquée par le sucre
- "L'eau citronnée alcalinise l'organisme" → Mythe dangereux : son pH reste acide (2,3) même dilué
Guide pratique pour les cuisiniers
Pour déterminer si vous avez besoin de véritable acidité ou simplement d'aigreur :
| Situation | Acidité réelle requise ? | Alternative sans acidité |
|---|---|---|
| Confitures | Oui (gélification) | Ajouter de la pectine |
| Sauces crémées | Non | Vinaigre de Xérès ou jus de raisin |
| Marinades pour viandes | Oui (tendreté) | Lait butyrique ou yaourt |
| Boissons rafraîchissantes | Non | Extrait de yuzu ou verjus |
En résumé : que retenir ?
Utilisez un pH-mètre culinaire (à partir de 15€) pour les applications critiques (conserves, fermentation). Pour le reste, fiez-vous à votre palais... mais sachez que :
- Les épices acidulées (sumac, amchur) apportent de l'aigreur sans modifier le pH
- L'acidité résiduelle des vins (mesurée en g/L d'acide tartrique) compte plus que le goût
- Le potentiel hydrogène varie selon la température : un bouillon peut passer de pH 6,0 à 5,2 en refroidissant








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